Le théâtre chinois au XXème siècle

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La création en 1907 de la pièce d’Alexandre Dumas fils, la Dame aux Camélias dans une traduction chinoise par des étudiants chinois à Tokyo est considérée comme le point de départ du théâtre parlé en Chine. L’année suivante c’est au La Case de l’Oncle Tom. Principalement par le canal d’étudiants revenant de l’étranger, la découverte par les chinois du théâtre occidental ou du théâtre japonais d’inspiration occidentale au début du XXème siècle fait naître plusieurs formes qu’on appelle tour à tour nouveau théâtre ou théâtre civilisé . Le théâtre devient un instrument de prise de conscience politique et de modernisation ; Etudiants et théâtre de rue s’engagent  dans des mouvements pour  sauver la Chine. Le climat intellectuel en ébullition de l’époque produit une masse de suggestions pour réformer, moderniser voire abolir  les genres traditionnels. Dans les Années 20 et 30, l’influence d’Ibsen est la principale source d’inspiration des intellectuels chinois dans leur recherche d’un théâtre parlé convainquant. Le travail le  plus représentatif de cette période est « l’orage » de Cao Yu (1935) ; Dans les régions contrôlées par les communistes, ses pièces sont jouées aux côtés de celles de Gorki ou de Nicolas Pogodine. L’Opéra de Pékin quant à lui, grâce à la célébrité de l’acteur Mei Lanfang, parvient au zénith de sa popularité pendant la période républicaine, s’autoproclamant théâtre national  et parcourant le monde tandis qu’un nouveau public apparaît avec la naissance de genres comme le Yueju dans le Zhejiang, uniquement interprété par des femmes et le Huju en dialecte Shanghaien.

En 1949, la République Populaire de Chine décrète la nationalisation des théâtres et répartit les acteurs dans des genres d’opéra-théâtres clairement définis interprétés par des compagnies d’état. Une partie du répertoire traditionnel est banni ; d’autres sont réécrites selon les directives culturelles du PCC, on élimine notamment les aspects érotiques, misogynes et religieux. Dans le théâtre parlé, la Maison de Thé de Lao She (1957) offre une vision nuancée de toute la première partie du siècle tandis que le théâtre historique de Guo Moro se conforme à l’historiographie officielle du PCC. Durant la Révolution Culturelle (1966 – 1976), les troupes sont démantelées et, seuls les spectacles en costumes modernes sur des thèmes révolutionnaires sont autorisés. Nombre de figures du théâtre chinois sont persécutées.

Lorsque les troupes sont reconstituées à la fin des Années 70, théâtre traditionnel et  théâtre parlé reconquièrent leur popularité ; mais c’est alors la télévision qui sape progressivement  la scène théâtrale. Le metteur en scène Lin Zhaohua et le dramaturge Gao Xingjian façonnent  dans les années 80 un théâtre de l’absurde, existentialiste rejetant le réalisme. Les deux dernières décennies voient se développer compagnies indépendantes et contacts avec l’étranger et Taiwan (où danse et théâtre expérimental ont prospéré et où la coupure théâtre traditionnel et théâtre parlé est moins nette). Certaines troupes traditionnelles se demandent s’il est pertinent de transmettre ce riche héritage codifié à un  public contemporain et relèvent le défi en se tournant vers des formes occidentales, le théâtre parlé et l’adaptation de fictions. Dans le domaine du théâtre parlé, les noms de Meng Jinghui et plus récemment Wang Chong cherchent leur voie dans des formes expérimentales radicales.


Josh Stenberg

Publié le 4 mai 2016, à Quanzhou

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