Brève histoire du théâtre chinois

Le xiqu, théâtre chinois dit « traditionnel » comprend tous les arts narratifs sinophones de la scène issus des conceptions dramatiques précédant l’influence occidentale qui se répand au début du XXe siècle. Le xiqu aujourd’hui est composé d’une centaine de genres (juzhong) d’une grande disparité linguistique, musicale, esthétique et de développement historique.

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Avant le xiqu, il y a des rituels, des marionnettes, des sortes de saynètes comiques ou des dialogues d’inspiration martiale mais les informations disponibles sont très incomplètes. Les premiers fragments de textes dramatiques qui nous parviennent datent du XIIe siècle. Des livrets complets du genre zaju du nord et nanxi du sud datant du XIVe siècle ont été préservés. Une réelle production littéraire apparait avec les textes dramatiques du Zaju mais leur représentation sur scène restent un mystère. Le zaju disparait au XVIIe siècle. Le genre comprenait quatre scènes et un seul personnage qui chantait. Le nanxi (le drame du sud) existe toujours et comprend plusieurs personnages. L’auteur Guan Hanqing a été le principal représentant du zaju, et sa pièce Le ressentiment de Dou E (c. 1292) est encore représentée. 

C’est principalement dans la province du Fujian que le nanxi s’est transmis sans réforme littéraire, devenant la source principale des genres liyuanxi et puxianxi

Mais le genre évolue différemment au XVIe siècle dans la ville de Suzhou. Il devient le chuanqi (légende merveilleuse) dont les livrets sont écrits par des lettrés, et adopte le style musical du Kunqu
 
Le Kunqu (comme style musical) et le chuanqi (comme genre littéraire) domineront le théâtre aristocratique et impérial jusqu’au XVIIIe siècle. Le pavillon aux pivoines (1598) et L'Éventail aux fleurs de pêcher (1699) illustrent ce répertoire. Le déclin de la classe aristocratique et le développement d’un théâtre commercial ont promu le développement de genres plus populaires, surtout le Jingju (opéra de Pékin). Le Jingju, influencé par le Kunqu est plusieurs autres genres du sud, est adopté par la cour et devient vers la fin du XIXe siècle le grand théâtre commercial à Pékin, Tianjin et Shanghai. Pendant l’époque républicaine (1911-49), il est promu comme apogée de la culture chinoise par des nationalistes, et envoyé en tournée au Japon et en Occident comme ambassade culturelle. En même temps, plusieurs genres populaires comme le Yueju, surgissent à partir d’un mélange d’influences occidentales et de principes du xiqu. L’opéra cantonais profite de la prospérité de Canton et Hong Kong et se développe dans la diaspora en itinéraires qui vont jusqu’en Indonésie et la Havane. 

La République Populaire après 1949, formalise et unifie troupes et courants théâtraux. Auparavant itinérants et de modeste condition sociale, les acteurs sont regroupés dans les théâtres officiels appartenant à l’état. 

Les années 1950 apportent une période de renouveau pour le xiqu mais simultanément le répertoire est reformé et abrégé pour se conformer à l’orthodoxie idéologique. Pendant la Révolution Culturelle (1966-76), les troupes sont dissoutes, et beaucoup d’acteurs seront mis au service des opéras révolutionnaires. La reconstitution des troupes procède à la fin des années 1970 et au début des années 1980, et le xiqu connait à nouveau une grande popularité. Pendant le dernier quart de siècle, les troupes en Chine, dans la diaspora et à Taiwan font face à une diminution du public liée à l’accélération de l’économie et à la compétition des nouveaux médias. Néanmoins, il reste des grandes troupes, un répertoire riche et varié ainsi que des livrets et spectacles originels qui maintiennent un théâtre qui reste la forme théâtrale prédominante de langue chinoise.      


Josh Stenberg

Publié le 14 février 2016, à Paris

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